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Charge organisationnelle

Un parfait jongleur

A l’époque, je travaillais à 50% à l’hôpital et secondais mon époux sur l’exploitation agricole. Ma belle-maman vivait seule et indépendante dans un petit appartement dans notre maison. Suite au décès d’un proche, elle a développé des crises d’angoisse de plus en plus rapprochées. Elle perdait aussi petit à petit la vue et l’ouïe.


Rapidement son état s’est aggravé. Les angoisses ont fait place à la panique. Son état général baissait. Elle ne voyait que des ombres. Vivre seule est devenu impossible, elle avait besoin d’aide. J’ai dû me résoudre à quitter ma situation professionnelle.


Au fil du temps notre vie s’est organisée autour de notre adorable grand-maman qui demandait beaucoup d’attention et de patience. Elle me sollicitait sans cesse.


En parfait jongleur entre les contrôles et traitements médicaux de notre fille, les activités extra scolaires, les rendez-vous de ma belle-maman, je passais beaucoup de temps en salles d’attente et sur les routes. Une bonne organisation a permis de caser les soins de chacun, le jardin, la volaille, les courses, le ménage, ma famille et mes parents vieillissants. Mes belles- sœurs prenaient le relais de temps en temps en l’invitant pour quelques jours de vacances. Chaque dimanche, elle mangeait chez ses amies. Un des fils s’est chargé des tâches administratives, payements etc.


Suite à une hospitalisation, lors d’un réseau avec les fils, le médecin nous a proposé un placement en EMS. A ce moment, bien que ma vie ressemblait à un marathon, pour moi ce n’était pas le moment, on pouvait aller encore un bout, on la conduisait chaque dimanche à l’église puis chez ses amies. Elle avait donc encore une vie sociale. Avec l’accord de ses fils, elle est rentrée à la maison.


Mais une petite attaque cérébrale a aggravé la situation, un état confusionnel et délirant a nécessité un placement en EMS. J’ai eu l’impression de l’abandonner, je pensais que j’étais la seule capable de prendre du temps pour elle, nous avions nos habitudes, nos moments bien à nous, une complicité. Je vivais alors un véritable deuil. Au début du placement, j’allais tous les jours pour continuer à vivre nos rituels du soir. Avec un de ses fils, nous avons fait un essai de deux jours à la maison pour réaliser qu’il fallait lâcher prise. Un de mes beaux- frères a trouvé les mots pour me déculpabiliser. Durant cette année en EMS, la proximité de notre domicile m’a permis de garder mon rôle de proche en la prenant régulièrement à la maison pour une journée ou un repas et inviter ses fidèles amies. Quand le soir arrivait, elle nous disait vouloir rentrer chez elle. Pour elle l’EMS était devenu son chez-elle.

Nelly

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