Enfant aidant
Recherche de stabilité
Lorsque ma mère a commencé sa dépression, j’avais 17 ans et j’étais au lycée.
Elle a déclaré sa maladie par une énorme crise de panique et d’angoisse dont elle ne se souvient pas. Elle a de suite du se mettre en arrêt de travail. A la maison elle était comme un fantôme, très froide et distante. Elle ne parlait plus et ne faisait plus rien.
Deux ans plus tard mon père est parti de la maison. Depuis ce jour là, ma mère a régulièrement fait ce que nous avons commencé à appeler des crises (comportant la volonté de mourir) qui nous faisaient (mes petits frères et moi) à chaque fois l’emmener en urgence à l’hôpital psychiatrique.
Cela dura environ 3 ans durant lesquels il nous fallait survivre. Durant ces 3 ans, mon père étant parti, ma mère du commencer à reparler et à s’exprimer afin de survivre elle aussi à cette situation. Elle était suivie par 2 médecins respectivement psychiatre et psychologue et par l’hôpital psychiatrique durant les crises.
Après 5 ans de maladie et toujours pas de déclic, j’ai commencé à me demander ce qui ne fonctionnait pas dans l’aide apportée à ma mère.
J’ai commencé à vouloir m’investir dans le « réseau » médical qui l’entourait durant les 2 années qui suivirent afin d’améliorer la situation… sans grand succès. L’unique chose que j’ai remarqué c’était que ma mère continuait de se battre et d’avancer de son mieux, mais que le système ne l’aidait pas ou peu.
J’ai donc pris la décision de comprendre toute seule ce dont avait besoin ma mère, elle-même étant alors incapable de le définir.
Et puis il y a eu ces 4 jours de vacances, il y a de ça 1 année, durant lesquels elle s’est mieux sentie, aucune angoisse durant tout ce temps, et pourtant… elle n’était pas chez elle, dans son soi-disant confort.
De retour des vacances, j’ai avant tout envisagé d’améliorer son quotidien à domicile qui semblait ne pas lui convenir aussi bien que ce que l’on pensait. Tout ceci dans le but de casser ce cercle vicieux dans lequel nous étions depuis 7 ans soit à peu près ceci; 6 mois de hauts-bas angoissés à la maison, crise de 3 semaines à l’hôpital et rebelote.
J’ai repris sa comptabilité car cela l’angoissait terriblement et lors de la crise suivante (il y a 6 mois), changement d’hôpital psychiatrique, qui a, de lui-même mis en place NOMAD (aide et soins à domicile pour les courses et le ménage) ainsi qu’une infirmière à domicile.
En plus, l’hôpital a fait remarquer qu’elle ne prenait pas correctement ses médicaments (une sacrée dose) et qu’on ne savait pas du tout depuis combien de temps. Un semainier a donc été mis en place.
Suite à cette régularisation des médics, maman a dégringolé, elle oublie tout, fait des crises de manque lorsqu’elle oublie de les prendre, etc. Mais ça, je me disais qu’on allait trouver la solution, soit avec NOMAD soit avec la pharmacie.
L’hôpital de jour a suivi et tout semblait pour le mieux être en train de s’installer lorsque, maman a refait une crise… re hôpital psychiatrique, rechute une fois qu’elle était sortie…
En réalité, il me semblait impossible d’installer un semblant de stabilité dans sa vie car, elle commençait à tout oublier, n’était pas là aux rendez-vous de NOMAD, ou pas assez bien pour aller en courses, bref… le système dont je rêvais ne se mettait pas du tout en place et surtout, mes frères et moi continuions d’être autant sollicités, justement pour les courses, le ménage, les crise, les médicaments oubliés, etc, etc.
Nous rendant compte qu’elle était en train de perdre de plus en plus de son autonomie… Nous avons décidé de lui proposer d’aller vivre quelques temps dans un endroit où elle n’aurait plus à vivre les pressions du quotidien. Elle fut d’abord outrée et refusa, puis avec l’aide de l’institution et du corps médical l’entourant, ma mère a accepté notre proposition. Elle vient tout juste d’être admise dans une institution et j’espère qu’elle va pouvoir prendre le temps de se retrouver et qui sait, peut être aussi de retrouver son autonomie, car après tout, elle n’a que 52 ans et encore un sacré bout de chemin à parcourir.
Amandine
