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Parcours de vie chamboulé

Proche aidant, un rôle qui colle à la peau

Proche-aidant, un rôle qui me colle à la peau, cela a commencé par l’aide à mes parents.


De nature humaniste, syndicaliste engagé, actif dans la vie sociale et politique de la commune, j’ai eu aussi une vie professionnelle et familiale bien remplie. Le cyclisme et la course à pieds m’ont apporté de grandes satisfactions.


J’ai épousé une femme merveilleuse, très dynamique, accueillante, active et créatrice. Notre deuxième fils, suite à une naissance difficile est IMC. Nous avons donc organisé notre vie afin qu’il s’en sorte le mieux possible. Nous avons pu acquérir et aménager une maison en fonction du handicap. A force de luttes, détermination, sacrifices de la part de chacun et beaucoup d’amour, Nicolas est informaticien. Mon épouse jonglait entre son travail à la pharmacie, les travaux ménagers et nos fils. Elle était en quelque sorte le poumon de la famille. Elle s’adonnait à la gravure en véritable artiste. Nous étions très heureux. Notre fils aîné a pris son indépendance tout en étant attaché à la famille. Nicolas très handicapé exerçait son métier à temps partiel dans la même entreprise que la mienne, ce qui me permettait de l’y conduire.


Mais il y a 6 ans, un cancer foudroyant a emporté mon épouse. Le monde s’est écroulé pour nous, le trou béant.
Mais l’esprit de battant qui m’anime était encore bien vivant. Pas question de sombrer. Mon fils lui était aussi bien là avec sa détresse. Il avait grand besoin de moi. La réalité de la vie ne m’a pas laissé les bras ballants. Le ménage, les lessives, repas, soins et aide quotidiens à Nicolas, gestion des tâches ont vite fait partie de cette nouvelle vie à laquelle je n’étais pas préparé avec en prime une immense tristesse, un deuil insurmontable.
A 65 ans l’heure de la retraite a sonné. J’étais encore bien occupé avec ma vie sociale et l’aide à mon fils que je continuais à conduire chaque matin à son travail, le ménage et l’entretien de notre coquette maison, un véritable paradis que mon épouse avait magnifiquement décoré. Cette nouvelle tranche de vie se passait pour le mieux malgré l’immense vide, mon épouse me manquait comme au premier jour.


Mais après six mois de retraite, à mon tour je suis frappé par le cancer avec au programme divers traitements lourds, chimio, opérations. Durant ces semaines d’hospitalisation, mes pensées se tournaient toujours vers mon fils Nicolas. Grâce à la bonne entente familiale, le grand frère a pris le relai.


Je m’en suis miraculeusement relevé mais passablement diminué. Aujourd’hui, j’ai l’impression de vivre l’enfer au paradis. Ma vie est bien remplie avec le ménage, les lessives, les soins à Nicolas qui ne se remet pas du décès de sa maman avec laquelle il vivait en symbiose. J’assume du mieux que je peux.
Aujourd’hui, tout me tombe dessus, une nouvelle opération est prévue pour le 14 juillet. Nicolas désireux d’être indépendant va intégrer un appartement protégé que je lui ai aménagé. Cette nouvelle vie de mon fils m’inquiète beaucoup malgré l’aide à laquelle il aura droit quelques heures par semaine. Je ne serai pas là pour le guider, le soutenir dans l’organisation de son indépendance. Il fait partie intégrante de ma vie, rythme le cours de mes journées. Mon épouse et moi avons toujours été présents dans ses parcours de vie et là je ne serai pas là. Malgré moi je dois lâcher prise et ce n’est pas dans mon caractère. Je sens la révolte monter en moi. Trop c’est trop.


MAIS LE PROCHE-AIDANT LUCIDE NE BAISSE PAS LES BRAS ET VA CONTINUER A SE BATTRE.

Michel

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